Clubs de sports cherchent licenciés désespérément!

  • Depuis le début du Covid, les structures encadrant les pratiques sportives ont vu leurs effectifs diminuer.
  • Malgré la reprise des activités, les inscriptions sont à la traîne. De quoi générer des difficultés financières.
  • La Ville et le Canton s’engagent dans une campagne pour promouvoir le retour dans les clubs. Notre dossier.

  • Le président du fonds cantonal d’aide aux sports, Frédéric Renevey, la conseillère administrative, Marie Barbey-Chappuis, et le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz. STéPHANE CHOLLET

    Le président du fonds cantonal d’aide aux sports, Frédéric Renevey, la conseillère administrative, Marie Barbey-Chappuis, et le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz. STÉPHANE CHOLLET

«On doit réaffirmer la place du sport dans nos vies, notre société»

Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat, chargé notamment du sport.

En cette rentrée 2021, les clubs de sport tirent la langue... Malgré la reprise des activités après un an et demi de crise sanitaire, les licenciés boudent les tatamis, piscines et pelouses. «Il y a une grosse baisse des inscriptions, signale Yoan Lomet, vice-président des Seahawks, le club genevois de football américain. De plus, beaucoup de jeunes ont arrêté en cours d’année. Il s’avère très compliqué de payer une licence sans avoir de compétition.»

Inscription au trimestre

Un constat que partage Emmanuel Vachoux, président de la Taekwondo académie Genève: «Je suis assez inquiet. Les enfants et les préadolescents sont de retour. Mais, à partir de 16 ans, c’est chaud!» Fort de 140 membres en 2019, l’académie a chuté à 80 en 2020. Et la rentrée de 2021 n’annonce rien de bon. Pour contrer cette tendance à la baisse, le club a pris son bâton de pèlerin. «On appelle tous les membres et on leur propose une inscription au trimestre plutôt qu’à l’année. Une façon aussi de répondre aux incertitudes liées à l’obligation du pass sanitaire», précise Emmanuel Vachoux.

Sur les 500 clubs sportifs genevois, ils sont nombreux à faire face à une chute du nombre de licenciés. Jusqu’à moins 40% pour certains. «Des sports ont été moins touchés tel que le tennis. En revanche, les disciplines de combat ainsi que celles aquatiques ont eu plus de casse», détaille le président du fonds cantonal d’aide aux sports, Frédéric Renevey.

Cette chute du nombre de licenciés se traduit automatiquement par une baisse des revenus. A titre d’exemple, la perte d’une cinquantaine de membres à la Tækwondo académie correspond à environ 15’000 francs en moins dans les caisses.

Au cœur de la crise, il a fallu pallier ce manque à gagner en soutenant financièrement les clubs. Le fonds Covid sports a ainsi distribué 800’000 francs d’aide aux structures sportives du canton en 2020. Et est en train d’étudier les dossiers pour 2021. «L’académie est sous perfusion depuis mars 2020», confirme Emmanuel Vachoux.

«Réenchanter la pratique sportive»

Il faut désormais convaincre les pratiquants de (re)prendre leur licence. D’où une campagne (lire encadré) lancée dès le lundi 4 octobre, conjointement par la Ville de Genève, le Canton et le fonds cantonal d’aide aux sports. «On doit réenchanter la pratique sportive, réaffirmer la place du sport dans nos vies, notre société», souligne Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat, chargé notamment du Sport.

Comment expliquer cette chute de la pratique en club? «Les habitudes se sont perdues pendant la crise sanitaire, commente Marie Barbey-Chappuis, conseillère administrative chargée du Département de la sécurité et des sports en Ville de Genève. Il s’avère difficile de reprendre le rythme: entraînement le mercredi et compétition le week-end.»

Manque d’argent, de temps ou encore de motivation sont mis en avant. «Certains privilégient désormais les activités en plein air hors club, analyse encore Emmanuel Vachoux. Pour d’autres, l’explication réside peut-être dans la baisse de l’activité physique au profit par exemple de temps devant l’écran.»

Reste que si le sport amateur a connu un tel coup d’arrêt, c’est avant tout en raison des mesures prises justement par les autorités. «Il fallait protéger la population. On a dû faire des choix, rétorque Thierry Apothéloz. Depuis un an et demi, on martèle des messages individualistes: rester chez soi, se protéger des autres. C’était essentiel pour stopper la pandémie. Aujourd’hui, on doit relancer ce lien social.»

Un objectif que partage Marie Barbey-Chappuis. «Même si on accompagne en parallèle le sport en pratique libre, on est attaché à la pratique en club par soucis de cohésion sociale et de santé publique», conclut-elle, en saisissant sa raquette de squash pour prendre la pause devant notre photographe.

La campagne Trouvetonclub.ch est lancée

«Notre objectif: aider les clubs à passer ce cap», affirme d’emblée la conseillère administrative chargée des Sports, Marie Barbey-Chappuis. La Ville de Genève, le Canton et le fonds cantonal d’aide aux sports lancent une campagne intitulée «Trouvetonclub.ch». Celle-ci durera du 4 au 17 octobre.

Dans le spot publicitaire comme sur les affiches qui investiront l’espace public, les Transports publics genevois (TPG) et la presse, les slogans invitent à «sortir la tête de l’eau» pour revenir «dans le grand bain» ou encore à siffler «la fin du temps mort» et à «retrouver sa zone».

Pour accompagner le futur licencié, le site internet trouvetonclub.ch est lancé. Coût de la campagne: 50’000 francs. Un tiers est financé par le Canton, un tiers par la Ville de Genève et un tiers par le fonds cantonal.

Point d’orgue de cette mobilisation des autorités et des clubs: une fête du sport est prévue à l’automne 2022.